Très compliquée pour moi de partager cette journée et c’est d’ailleurs pour cela que j’ai trois jours de retard sur mon blog. J’ai longuement hésité à partager ici une expérience aussi négative, mais je pense qu’il est nécessaire de partager TOUT mon voyage, dont, les choses qui ne sont pas sympathiques.
La journée en elle-même se passe plutôt bien. Je suis dans la zone 1, donc celle que j’aime le moins, avec des gens tttrrrrrèèèèsss lent. Forcément ce n’est pas la meilleure chose qui puisse m’arriver dans ce début de semaine. Mais malgré de nombreux moments de questionnements sur le cerveau humain… j’ai fini par réussir à faire ce que je devais faire avec le reste de mon groupe à peu près dans les temps.
Le soir, les filles décident de sortir au bar. C’est leur dernière semaine et elles veulent profiter de nos derniers moments toutes ensembles. Notre groupe est à peu de choses près inchangé depuis notre arrivée et ce sont des personnes à qui j’ai dû apprendre à faire confiance au fur et à mesure des semaines. Je n’ai JAMAIS été à l’aise avec la gente masculine pour de nombreuses raisons et à chaque fois que je rencontre de nouvelles personnes j’ai du mal à faire confiance, à tout le monde en général, mais plus particulièrement aux hommes. Dans notre groupe de bénévoles, nous avions deux hommes de base plus quelques pièces rapportées au fur et à mesure de la semaine, mais avec qui je ne parle pas. Je vais taire les noms pour une fois de tout le monde pour des raisons évidentes et je ne vais pas rentrer dans les détails car une partie de l’histoire n’est pas la mienne. Mais si je devais faire un résumé je dirais que:
Pour la première depuis le début de mon bénévolat, je décide de rester jusqu’au bout de la soirée. Sans un seul verre d’alcool dans le sang puisque je ne bois pas quand je suis en voyage en général, je suis entourée de personnes qui ont bu (certaines peu et d’autres à en perdre la raison). A la fin de la soirée nous tombons sur un homme (connaissance d’un des bénévoles) qui propose de nous emmener en moto. Le bénévole (on va l’appeler 1) dit le connaitre et discute avec lui. Je précise que TOUT le monde dans ce groupe est monté sur cette moto (bourré, pas bourré, hommes et femmes inclus). Et une de mes proches (on va l’appeler <3 ) s’est fait agressée par cette homme sur le chemin du retour. Pour être direct, si on avait pas été là, elle se serait fait trainer dans la forêt dans une intention évidente… Pour ma part je n’ai eu le droit qu’à une légère caresse sur la cuisse et c’était déjà bien suffisant pour moi. Jusqu’ici l’histoire est horrible et <3 en a bien évidemment été traumatisée, mais ce qui me met hors de moi c’est la suite.
Alors que tout le monde arrive à bon port. <3 (la victime dans l’histoire, je trouve important de le rappeler) nous explique immédiatement ce qu’il vient de se passer pour elle (pour donner un peu plus de contexte, <3 était la première à monter sur la moto et est donc arrivée la première au centre, elle a réussi à s’en sortir parce qu’elle est grande, musclée et avait donc assez de force pour le repousser, autant vous dire qu’à sa place, je ne m’en serais pas sortie. Après l’agression et se rendant compte qu’il n’arrivait à rien, il a fait des allers-retours au fur et à mesure pour ramener tout le monde 1/1 au centre et nous n’étions pas au courant de ce qui venait de se passer de son côté) et demande sèchement à 1 (qui est censé connaitre cette personnes) qu’il est. Et c’est là que la discussion a pris la pire tournure qui soit. Malgré l’explication claire et précise de <3 et les détails de ce qui vient de se passer 1 nous dit « non mais il est gentil ». Puis bénévole 2 nous explique que ce genre de situation devait arriver puisque « quelle idée de monter sur la moto d’un inconnu » (je rappelle qu’ils sont TOUS montés dessus sans exceptions littéralement 20min avant). Puis que « c’est le pire endroit où une femme peut se retrouver » puis 1 rétorque « ah non moi je t’assure que je peux t’en trouver des pires ». Puis 2 enchaine en disant que « faudrait qu’on porte une arme sur nous pour être en sécurité ». Bref la discussion lunaire mène à un consensus masculin commun qui blâme <3 d’être montée sur cette moto pour rentrer au centre alors que je le répète une dernière fois mais TOUT le monde (dont les gars) est monté dessus. La discussion se finit sur 2 qui dit « oui mais moi il allait rien faire je suis plus fort que lui ». Le seul, et je dis bien le seul, à avoir posé les bonnes questions (c’est à dire « est-ce que ça va ? » et « est-ce que tu veux que je te raccompagne ? » c’est celui qui était complètement mais alors je dit bien complètement bourré). Toutes les filles décident donc de partir de là et de retourner à nos chambres pour pouvoir réconforter <3 entre nous et alors qu’on marche tranquillement et qu’on commente notre mécontentement auprès de la réaction des gars entre nous, 1 balance un « fermez-là ».
Je suis outrée…. Ca fait deux jours et je ne suis toujours pas redescendue de mon état d’énervement. J’en ai marre d’être une proie, j’en ai marre des hommes, j’en ai marre qu’ils se croient tout permis, qu’ils nous comparent à des objets qu’ils peuvent collectionner comme des bouchons de champagne. Mais alors par dessus tout je ne peux plus supporter ceux qui défendent les agresseurs plus que les victimes. C’est presque eux qui me dégoutent le plus dans toutes cette histoire. Depuis le début, toutes les filles du groupe faisaient confiance à ses personnes pour les raccompagner entre le village et le centre, mais alors vu la réaction qu’ils ont eu à cette soirée, c’est à se demander s’ils ne seraient pas capable de faire pareil. Moi qui commençais à peine à me dire « ok je suis à l’aise pour les accompagner quelques fois faire la fête », on est de retour à la case 0 (ou plutôt -8000).
Je trouve ça aberrant qu’en 2024, on en soit toujours au même point. Je trouve ça aberrant que la victime soit encore et toujours celle qu’on blâme pour une action qui a été commise par un bourreau. Je trouve ça aberrant que ce bourreau soit celui qu’on décide de défendre ! Parce que oui, quand on ne prend pas parti pour la victime, c’est qu’on est du côté de l’agresseur. Et je ne parle même pas de choc culturel, parce que c’est littéralement le genre de situation qui aurait peu arriver n’importe où, n’importe quand et avec n’importe qui. Ca me sidère, ça me dégoute et ça m’exècre.
Je crache à la gueule de tout ceux qui considère que « parce qu’on porte une jupe, on le cherchait un peu quand même », » que parce qu’on a bu un peu d’alcool, on aurait pu s’y attendre », « que parce qu’il est tard, on est pas sérieuse », « non mais il est gentil, c’est jusque là il a un peu trop bu », « c’est vrai que ça se fait pas, mais tu comprends c’est mon pote », « est-ce que t’es sûre que tu le voulais pas un peu », « c’est arrivé qu’une fois c’est pas grave ». Bref toutes ses phrases de merde que toutes les femmes victimes d’agressions sur cette putain de planète ont déjà entendu au moins une fois dans leur vie.
NON on pas demandé être interpellées dans la rue pour se faire insulter, NON on a pas demandé à avoir une main aux fesses parce qu’on porte une robe, NON on a pas demandé à se faire agresser dans une ruelle parce qu’on vous a souri une fraction de seconde par pure politesse, NON on vous a pas demandé de nous envoyer des dick-pick dès le réveil parce qu’on discute avec vous par message depuis 2 jours. NON on vous demande pas ça et on vous le demandera jamais ! La femme c’est pas un putain morceau de viande et y a RIEN de normal dans le fait d’aller à l’encontre de sa volonté. Pensez à vos mères, à vos sœurs, à n’importe quelle femme de votre famille et que vous aimez. Vous n’aimeriez pas que ça lui arrive et si jamais par horreur c’est le cas, vous aimeriez que des personnes soient là pour la défendre et la soutenir dans une situation aussi traumatisante. Alors prenez vos couilles en main et défendez nous bordel, vous allez pas les perdre en chemin on vous promet !
Je remercie toutes les personnes qui sont en capacité de comprendre ça et qui protège chacune d’entre nous. Et pour tous les autres : « Arrêtez de vous comporter comme des babouins » Soyu 😉
Quand on défend pas la victime, on prend automatiquement parti pour l’agresseur !