Bonjour du Sénégal

Mission Globalong  Dakar Sénégal 16/10/2017 au 29/10/2017

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Bonjour, ça va ? Bonjour Madame, bonjour Monsieur,

comment ça va ? ça va bien ? Tout le monde au Sénégal vous accueille avec cette formule, tous sont soucieux de se montrer polis et accueillants.

D’ailleurs c’est la première leçon que reçoivent et répètent inlassablement les élèves de l’école ADE crée par M Djibril Sané, ADE signifiant Avenir et Développement de l’Enfant.

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Mais commençons par mon arrivée, alors que je posais les pieds pour la première fois (la deuxième fois à vrai dire) sur le sol africain à l’aéroport de YOFF à Dakar. Mon arrivée, de nuit, à deux heures du matin, fut assez surprenante. Une fois débarquée de l’avion, je manquais l’hôtelier qui venait m’attendre et je fus abordée par des personnages, chauffeurs de taxi, pseudo employés de l’aéroport et autres personnes qui me proposèrent de me conduire jusqu’à un hôtel, qui me proposèrent le change en francs CFA à un taux avantageux (évidemment).

La nuit est vivante à Dakar. Il semblerait qu’il n’y ait pas de répit.

Ayant trouvé mon hôtelier et après un peu de repos, je suis mise en relation avec la famille qui m’héberge, à la maison même du directeur de l’école avec les nombreux membres qui la composent la conjointe, Rokheya, les enfants Ciré et Landing, les sœurs, les nièces, les cousins, Mariama, sankoung, Yancoba, Moussou, Ousmane et la personne qui les aide dans les tâches ménagères et tous ceux de passage, des jeunes de la famille venus à Dakar suivre une formation, faire un stage qui sont hébergés là durant ce temps. L’appartement n’est pas très grand mais suffisant, tous arrivent à se caser, et possède le confort voulu, le strict nécessaire. Il y a des toilettes et une grande douche.

Une chambre est réservée aux bénévoles qui défilent à l’école, hébergés à la maison du directeur et Rokheya, sa conjointe, en plus de prêter main forte à l’école fait la cuisine pour tout ce monde, c’est une bonne cuisinière. Elle aime cuisiner, elle passe des heures, accroupie sur son banc dans la cuisine à faire mijoter les plats dont elle a le secret.

Nous nous retrouvons souvent dans le séjour, dans les confortables fauteuils et canapé. La télé marche continuellement débitant souvent du RAP, ou des séries, quelquefois les infos et des émissions qui rappellent celles diffusées en France mais à la mode africaine telle « l’Afrique a un incroyable talent ». Ils sont souvent branchés sur YOUTUBE. Ils sont branchés, souvent penchés sur leurs téléphones mobiles, hommes, femmes, jeunes, moins jeunes, férus ou amateurs d’informatique et de communication.

On a accès à Internet, on peut se connecter en wifi aussi bien à la maison qu’à l’école.

A la maison, nous laissons les chaussures dans l’entrée et nous déambulons pieds nus. En principe les hommes mangent d’un côté, les femmes de l’autre mais nous pouvons aussi manger ensemble.

Les menus se composent d’un plat unique que nous mangeons dans un grand récipient posé au sol au centre du cercle, chacun sur notre petit banc, nous nous servons et mangeons de cette façon avec une cuillère ou une fourchette. Le midi nous mangeons souvent du riz, du riz brisé, accompagné le plus souvent de poisson, agrémenté de légumes, navets, carottes, aubergine, manioc, patates douces, et de bouillon, épices et piment, d’autres fois du poulet ou des boulettes de viande remplacent le poisson. Les plats sont goûteux, bien préparés et relevés. Le soir le plat est soi-disant un peu plus léger, ce sont des pâtes, des haricots secs, des frites ou des petits pois toujours en sauce, cuisinés. Quelquefois il est servi un plat traditionnel du village composé de riz et d’une préparation à base d’une plante. Il n’est pas consommé d’alcool. La maîtresse de maison prépare une boisson aussi à base d’une plante (je dois lui en redemander le nom).

Le matin nous nous levons tôt. Nous ne déjeunons pas. Arrivés à l’école il est toujours possible de se faire un café. Sinon le petit déjeuner est pris à 10 heures, composé principalement de pain tartiné de pâte chocolatée. Des bombons et biscuits sont contre une pièce mis à la disposition des enfants. Dans les couloirs afin qu’ils puissent s’hydrater au besoin, ils disposent de seaux remplis d’eau et d’une timbale. Tous, je pense, peuvent boire l’eau du robinet, ils sont immunisés.

Je partage la chambre avec une autre bénévole du nom de Belén venue du Kosovo qui parle anglais et dispense parfois des cours d’anglais aux enfants qui en sont friands. Elle est en fait polyglotte, espagnole par sa mère, irlandaise par son père, elle s’exprime aussi un peu en français. La semaine prochaine une nouvelle bénévole, Justine nous rejoint venant de Lille, elle va faire un stage au dispensaire tout proche. Ici les bénévoles se succèdent continuellement.

Je ne vous ai pas parlé de la température. Nous sommes en octobre, la saison des pluies a touché à sa fin et nous allons vers la belle saison, l’été, qui est plus froid si j’ai bien compris. La température oscille entre 21 et 34 degrés mais il semble qu’il fasse beaucoup plus chaud. Le taux d’humidité est très élevé et nous transpirons du matin au soir et toute la nuit.

Le matin nous nous réveillons de bonne heure aux sons du chant du coq et parfois de quelques bêlements de chèvres et à l’appel à la prière.

Le pays est majoritairement musulman. Certains soirs de 19 h à minuit des flots d’incantation sont déversés à tue-tête par les haut-parleurs. Ce sont des offrandes demandées à Allah.

 La ville est surpeuplée, c’est l’explosion démographique, des flopées de jeunes déambulant sans cesse et des moins jeunes et des enfants au milieu des bus, des minis cars, des voitures, des taxis, tout ceci brinquebalant, fumant à côté des charrettes tirées par des chevaux, de place en place un troupeau de moutons ou de chèvres.

Beaucoup ont des affections respiratoires et je ne fais pas exception.

Nous sommes dans le quartier défavorisé de Pikine au Nord-Est de Dakar. La rue de terre (on enfonce dans des couches de terre sablonneuse), défoncée, parfois creusée d’ornières, inégale, arrosée de l’urine et du crottin des chevaux. Les odeurs sont assez fortes mais pas dérangeantes. Cela ajoute au « folklore » et à la chaleur de l’accueil, à celui de ces habitants si attachants.

Des petites boutiques sont ouvertes, le long de la rue et au marché, les marchandises souvent déballées à même le trottoir, les tissus, les denrées, les épices, les vêtements, la vaisselle… Ils ne sont pas trop achalandés et nous ne trouvons pas toujours ce que nous sommes habitués quotidiennement à acheter au supermarché sans nous poser plus de questions. Les fruits côtoient quelques légumes. Plus loin des poissons ou quelques morceaux de viande sont présentés à même le comptoir sous un nuage de mouches. Il est fait une grande consommation de pain.

Rokheya m’accompagne chez le marchand de tissus où j’achète 500 grammes de tissus puis nous passons chez le tailleur, ce dernier prend mes mensurations et dès le lendemain me livre deux robes bien ajustées dans lesquelles je suis plus à l’aise (mes vêtements sont un peu trop chauds). J’achète une autre robe, celle-ci confectionnée pour le prix de 2000 francs. J’en offre une à Rokheya ravie.

Je ne m’éloigne jamais trop toute seule ne serait-ce parce que je me perds un peu dans ce dédale de rues.

Mercredi après midi profitant du fait qu’il n’y a pas école, je vais à la mer avec le frère du directeur, Sidika, un de ses amis, la nièce du directeur et sa fille, une délicieuse petite fille de cinq ans jolie, dégourdie, un peu têtue sachant ce qu’elle veut, qui m’est confiée pour l’occasion, ils me montrent ainsi leur confiance. Ils savaient qu’une sortie à la mer me ferait plaisir, ils se sont mis à ma disposition pour m’accompagner, en profitant également mais cela n’enlève rien à leur démarche. Ils sont serviables, se rendent disponibles, attentifs à faire plaisir.

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La semaine suivante Sidika m’accompagne à Kaolack.

 Kaolack, ville plus méridionale et plus chaude encore, à trois heures de trajet en sept-places où nous nous entassons et transpirons allégrement. Je tenais à voir Kaolack car j’y ai vécu de l’âge de six mois à 1 an et demi. C’est pour moi un pèlerinage, j’y ai laissé un petit frère. Je me suis imprégnée des lieux avec force photos, heureuse d’avoir ainsi réalisé un de mes désirs profonds.

IMG_20171021_170556En matière de tourisme, nous allons voir aussi le lac rose, une curiosité qu’il ne faut pas louper et qui nous sort un peu de la ville. Elle abrite une base de loisirs. C’est dans ces dunes de sable qu’arrivait le rallye du Paris-Dakar.

Le mercredi suivant, nous revenons à la plage, cette fois avec tous les intervenants, famille, bénévoles, enseignants. Nous formons une joyeuse bande. Souvent le mercredi ce genre de sortie est organisée, parfois ils pique-niquent tous ensemble sur la plage, cela crée et entretient l’esprit d’équipe.

Le week-end prochain, il est prévu que nous visitions l’île de Gorée, hauts lieux de l’esclavage.

Avec Rokheya, j’ai un peu visité la ville de DAKAR et vu notamment le fameux monument de la Renaissance, il porte bien son nom, étant monumental, l’homme, la femme et l’enfant tournés vers l’océan en symbole d’ouverture vers le monde. Il domine fièrement mais il est aussi décrié ayant englouti des sommes énormes qui eurent pu être utilisées dans le domaine social, éternel débat .

Rokheya qui m’a adopté, m’a fait l’honneur de me faire participer à la cérémonie organisée à la mémoire de son père récemment décédé, cérémonie où elle avait convié les membres de sa famille et où, pour l’occasion, un grand repas a été confectionné longuement et partagé avec tous.

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Sinon quotidiennement mon principal itinéraire par la route poussiéreuse, va de la maison à l’école, l’école communautaire que le directeur, M Sané qui a eu la chance bien que tardivement de pouvoir s’instruire, a créé avec l’aide de bonnes volontés, partant de rien, trouvant des locaux, même s’ils ne sont pas bien adaptés pour dispenser l’enseignement dans des conditions optimales, les équipant tant bien que mal de tables et de bancs. Il y a six classes, certaines sont doublées, qui vont du préscolaire au CM 2 en passant par le cours d’initiation, le CP, le CE 1, le CM1 et le CM2 de façon

tout à fait classique en somme ou presque.

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Les classes comportent de vingt à trente élèves. Ce qui est moins classique, ceux sont les élèves entassés, la chaleur épuisante, certains élèves n’ont pas de cahiers, pas de stylos, de « bics ». Les classes sont petites, mal ventilées, les latrines odorantes, pas de châsse, à la place un saut d’eau. Jeudi on installe un ventilateur, la température devenait intolérable. La poutre vermoulue n’en a pas supporté le poids et le ventilateur est tombé blessant une élève, heureusement plus de peur que de mal. Les conditions sont difficiles. Cependant beaucoup d’élèves sont enthousiastes, ils veulent travailler, apprendre. L’enseignement est dispensé en français, la langue officielle. Or souvent ils parlent en wolof, quelques uns dans d’autres dialectes, langue dans laquelle ils sont plus à l’aise mais ils font des efforts, ils sont très volontaires et subissent quelquefois des sévices corporels sensés les motiver, ici, c’est une méthode éducative admise.

Volontaires, les enseignants le sont aussi, Rougui Sy qui s’occupe des tout petits, madame Pauline qui supervise le travail et tient le cours d’initiation, M Ibou Boissy s’occupe du CP tandis qu’il forme une stagiaire (tous ont eu à faire une formation d’un an en situation), M khadim Diakhaté qui s’applique avec sa classe des CE 1 , madame Diallo qui maîtrise sa classe des CE2 et M Thyaffé Touré a la lourde tâche de former les CM1 et les CM2. Les instituteurs disposent de peu de supports tout juste un livre qu’ils étudient eux-mêmes avant de répercuter l’enseignement aux élèves. Ils commettent parfois des erreurs. Je n’ai pas le cœur à le leur dire et ne veux pas les froisser. Ils exercent leur métier avec conviction, par amour des enfants, parce qu’ils espèrent que leur dévouement portera ses fruits. Ils travaillent sans relâche dans des conditions difficiles, du matin au soir et le samedi encore dispensant des cours de soutien. C’est un vrai sacerdoce. Ils sont fiers d’exercer ce métier qui leur semble utile, c’est une promotion sociale pour eux et ils ont le sentiment de participer à une grande cause, à sortir les enfants de leur ignorance et de leur condition, pour leur offrir un meilleur avenir où chacun aura sa chance, la chance de réussir, de faire un jour ce qu’ils ont envie de faire voire de devenir des personnages importants, pourquoi pas.

Quelle ne fut pas leur joie et leur gratitude lorsque je les ai photographiés et leur ai transféré les photos sur leurs mobiles par l’application whatsApp.

L’équipe m’attend, me réclame lorsque je ne me présente pas à l’école. Je leur apporte le pain, ils y sont maintenant habitués.

Le directeur, les enseignants, les élèves et les parents d’élèves ont également énormément apprécié que je leur apporte dans les bagages quelques produits sanitaires d’urgence et des fournitures scolaires, cahiers, stylos, sacs à dos, calculatrices, livres, quelques jouets…

Quelquefois l’enthousiasme des élèves vire aux cris perçants (certains professeurs comme les élèves parlent très forts) en un joyeux charivari.

Les enfants veulent travailler, ils le réclament, toujours prêts à faire des exercices. Ils sont reconnaissants, affectueux aussi et admiratifs. Ils demandent notre nom, nous donnent le leur, nous touchent la main, une petite m’a caressé les cheveux, curieuse de leur aspect lisse et de savoir quel pouvait en être le toucher. Ils sont toujours bien habillés, avec recherche, les filles ont toujours de belles robes et des talons, coquettes dès leur plus jeune âge. Tous soignent particulièrement leur tenue le vendredi. Certains élèves sont privilégiés et d’avantage demandeurs, d’autres ont plus de difficultés, sont moins éveillés, les niveaux sont inégaux. Certains sortiront du lot et réussiront, d’autres retireront toujours quelques enseignements qui leur seront utiles dans la vie. C’est une noble tâche à laquelle tous s’attèlent, le directeur, la secrétaire, les enseignants.

J’essaie d’apporter ma maigre contribution, assistant aux cours, expliquant un exercice de math, une règle de grammaire, préparant les cahiers, dessinant au tableau un vélo, une poulie ou encore la carte du Sénégal lors du cours d’IST (initiation scientifique et technologique). Je donne quelques stylos, j’assiste quelques élèves, je fais quelques corrections. J’aimerais tant m’impliquer d’avantage. Peut-être reviendrais-je, mon séjour est vraiment trop court, et tiendrais-je un jour une classe.

Notre travail est parfois informel. On installe une table, une chaise sur la terrasse et l’on travaille là à l’air libre échappant un temps à la touffeur des pièces.

La secrétaire du nom de Khady amène son bébé, papa Malick, que tous s’arrachent. La grand-mère vient le récupérer dans la matinée.

IMG_20171017_100009 Le directeur a ouvert une seconde école, plus à l’extérieur où il y a 4 classes, les locaux sont un peu plus agréables mais insuffisants aussi. Des groupes de bénévoles ont participé à la réfection des lieux. Une classe de jeunes a refait les peintures. Mais toujours le manque de place, les sanitaires insuffisants. Dans ce quartier pas d’eau courante, on va chercher l’eau au puits ou à de rares robinets, des femmes ont sans doute acheté la concession, elles font payer un pécule en échange de l’eau. Ceux sont des écoles communautaires ou privées (les élèves pour étudier s’acquittent d’une petite cotisation), nombreuses, en marge d’un système public défaillant et insuffisant qui laisse de côté les plus défavorisés.IMG_20171017_100203

Malgré ces nombreuses écoles privées, des enfants des rues, des mendiants, n’ont toujours pas accès à l’école.

Dans la seconde école, les classes aussi sont surchauffées. Dans l’attente de pouvoir agrandir les locaux, M Sané voudrait installer un auvent pour les abriter du soleil. Le moindre budget est difficile à mettre en place. Les besoins évidemment sont énormes. Ils ont besoin d’équipements, de fournitures scolaires, d’argent pour les livres qu’ils trouvent sur place et pour les aménagements. Ils ont besoin de trousses médicales de première nécessité (alcool, bétadine, bandes, coton, pansements…).

Ils voudraient s’agrandir, acheter des terrains et créer encore des classes, augmenter l’offre et construire un logement pour les bénévoles dont ils attendent beaucoup.

Ils ont tant de projets, d’idées, de vœux. Et chaque apport est le bienvenu.

Comme a dit Malaya Yousafzai « un enfant, un enseignant, un livre, un crayon peuvent changer le monde ».

Je sais que j’y reviendrai, j’ai trouvé ici une famille. C’est un bonheur de leur apporter un peu d’aide, de l’aide mais surtout de la chaleur humaine.

Ils me rendent tous au centuple ce que ce que je peux leur apporter.

Je termine sur la pensée d’Helen Keller « les plus belles choses du monde ne peuvent être vues ou même touchées. Elles sont ressenties avec le cœur ».

Le Sénégal est presque ma terre natale, elle est maintenant ma terre d’adoption. J’y ai trouvé des amis et une famille. C’est aujourd’hui ma maison.

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2 réflexions au sujet de « Bonjour du Sénégal »

  1. Coucou, nous faisons la lecture de ton séjour africain tous les quatre. Nous trouvons cela passionnant… le texte est long (manque de concentration de petits élèves français !) nous reprendrons demain.
    Chloé trouve la petite fille aux cheveux tressés très belle
    Loan est étonné de l’histoire des seaux et des timbales dans le couloir
    Des bisous
    André, Loan, Chloé, Odile

  2. Merci à ma sœur de nous faire partager à travers ces images et ses ressentis cette belle expérience en Afrique !!
    Fantastiques partages et échanges !

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