L’École : premier contact avec les enfants

Pour ceux qui ne le sauraient pas, nous sommes en mission pour enseigner le Français (apporter un soutien aux professeurs déjà présents pour être plus précis).

Notre école n’est pas loin de la maison : 2,5km soit 30 minutes de marche environ (+/10 minutes selon le temps qu’il nous faudra pour traverser au feu). C’est un établissement énorme, environ 1000 (qu’on nous avait dit) 3500 élèves et une centaine de professeurs.

Le premier jour (mardi), nous avons observé une classe de CM2 (entre 9 et 11 ans), et déjà nous avons été impressionnés par le niveau des élèves : la maîtresse ne s’est pas adressé une seule fois à eux en vietnamien.

C’est une classe d’environs 45 élèves, garçons et filles.

Une des règles qu’ils observent est de se lever quand le professeur entre dans la classe en disant  »Bonjour Madame/Mademoiselle/Monsieur ». Il faut attendre le signal du professeur avant de se rasseoir.

Ils sont tous heureux de participer (plusieurs mains se lèvent lorsqu’une question est posée). Les mains sont levées de côté (pas paume face au professeur comme chez nous). Lorsqu’on donne une réponse il faut se lever.

Nous sommes aujourd’hui vendredi, et d’autres observations se sont ajoutées aux précédentes :

  1. Les cours commencent à 8h. Les élèves arrivent bien avant le professeur dans la classe et sont  »managés » par une personne. Nous présumons que cette personne est chargée de faire l’appel, car le professeur ne s’en charge pas. Il y a entre 40 et 50 élèves par classe, ils peuvent donc être assis à 3 au lieu de 2 sur les bureaux, et ils est difficile pour les professeurs de faire participer tout le monde dans le calme. Les salles sont équipées de micro (pour vous dire le chantier que ça peut être). Et comme s’il n’y avait pas assez de monde, d’autres professeurs, et des stagiaires viennent assister au cours, au fond de la classe.
  2. Il y a 7 à 8 périodes de cours dans une journée. Chaque période dure 40 minutes. La période 1 dure de 8h à 8h40, la période 2 de 8h40 à 9h20, puis il y a une récré de 30 minutes (nous consacrerons un point à la récré plus bas…). Reprise de la période 3 de 9h50 à 10h20, puis période 4 de 10h20 à 11h15. À 11h15 c’est la pause déjeuner. Puis de 12h à 13h30 la  »cloche » sonne (la cloche est en fait un gros tambour), et tous les élèves rentrent dans leur classe respective. Comme ils tirent les rideaux, nous ne savons pas s’ils font une sieste, ou si c’est une sorte de permanence. Les cours reprennent en période 5 de 14h à 14h40, puis période 6 de 14h40 à 15h20, nouvelle récré de 30 minutes. Période 7 de 15h50 à 16h30 et dernière période de 16h30 à 17h10.
  3. Les repas des élèves sont servis dans leurs salles de classe respective : l’une des personnes travaillant dans les cuisines fait le tour de l’école en amenant des grosses marmites, bols et couverts dans chaque salle de classe pendant la dernière période du matin. Ils ont également droit à un goûter servis par l’école pendant la récréation de l’après-midi.
  4. La récréation… comment dire ? L’école appartient tout simplement aux élèves. C’est la folie, ça court dans tous les sens (cours de récré, couloirs, escaliers, salles de cours, salle des profs… je crois que seules les cuisines sont épargnées par ce chantier (?)), ça se bagarre, ça joue au ballon, corde à sauter dans les couloirs, … le tout sans aucune supervision d’aucune sorte. Tout est fait pour qu’un certain nombre de morts soit atteint, mais on ne perd miraculeusement personne, alors soit les vietnamiens sont très forts, soit les français sont très mauvais (parce que nous, c’est sûr, un bordel comme ça, on perd la moitié de l’école en 3 jours). Et encore, il n’y a apparemment que 2/5 des élèves dans la cours lors de la récré. Comment vous dire que 2/5 de 3500 ça fait un bruit au delà de tout ce qu’on peut imaginer.
  5. À la fin de la récré (surtout celle du matin, pas toujours l’après-midi), c’est rassemblement dans la cours, et les élèves font une chorégraphie face au portrait de Ho Chi Minh (le premier président vietnamien, qui est adoré dans le pays car il nous a botté le cul hors du pays – son portrait est également dans toutes les salles de classe). Tous les élèves ne participent pas à la choré (ceci dit, nous ne savons pas pourquoi, ni comment ceux qui participent ou non sont  »sélectionnés »)
  6. Les professeurs ne sont pas des instituteurs qui enseignent plusieurs matières à chaque classe, mais bien des professeurs spécialisés dans 1 sujet.
  7. Il n’y a que 5 classes qui apprennent le Français dans l’école, du niveau CP (niveau 1) au niveau CM2 (niveau 5). Chaque classe a 2 périodes de Français par jour (d’où leur niveau de fou sans doute…). Tous les autres apprennent l’anglais. Les salles de classes sont toutes identifiées par le niveau (1 à 5) et un lettre désignant l’option (A pour le français). Ce sont donc les professeurs qui changent de classe et non les élèves (en même temps on est au primaire, et on ne peut pas perdre une demi-journée à faire déplacer tout ce petit monde dans les couloirs pour changer de cours). Il y a 2 professeurs chargés des cours de Français (Professeur Lý (prononcer  »li »), qui s’occupe des niveaux 3 à 5 et professeur Hoa (prononcer  »roi » mais comme le  »j » espagnol) qui s’occupe des niveaux débutants 1 et 2).

Comme les classes sont surchargées, les profs nous confient une dizaine d’élèves à qui nous faisons travailler la prononciation des mots. Nous essayons d’organiser différentes activités pour chaque niveau : se présenter, dire son âge, sa couleur préférée, donner des consignes simples (dessine un lion orange) au niveau 1 (en leur faisant tant bien que mal répéter les mots à chaque fois), se présenter aussi, initier le dialogue entre les élèves pour le niveau 2, je ne sais plus ce que nous avons fait avec le niveau 3, lecture de texte à voix haute (avec répétition de chaque phrase), apprentissage de vocabulaire pour les niveaux 4 et 5.

Premier constat : certains sons leurs sont inconnus et difficiles à prononcer (le son  »gu » par exemple, un grand moment). Certains sont timides, difficile de leur faire décrocher un mot. D’autres le sont beaucoup moins (difficile de les faire taire). On a des spécimens qui veulent répondre à la question avant même que nous l’ayons posée (nous en avons 2 en tête, mais pas moyen de se rappeler des prénoms ;  »bugué » sur nos prénoms, ne les ayant clairement jamais entendu, mais une fois qu’ils les ont retenus, ils n’arrêtent pas de les dire).

Le niveau 2 s’est vu attribué des prénoms  »européens » (Emma, Thomas, Anaïs, Mamadou, … Cherchez l’intrus…!)

Jusqu’à maintenant, nous prenons un réel plaisir à éduquer les monstres, pourvu que ça dure !

Nous avons rendez-vous dimanche à l’école afin de fêter l’anniversaire de l’un de nos élèves (les parents nous ont gentiment invités).

Prochain épisode : on ne sait pas quand, nos journées sont chargées :

  • mercredi : premier jour de cours, et la bonne idée du jour : bière gratuite pendant 1h dans un bar d’expats.
  • Jeudi : deuxième jour de cours, et bière pas chère dans le bar du coin.
  • vendredi (today) : troisième jour de cours, et la bonne idée de ce jour : cocktails gratuits de 22h à 00h, puis sortie en ville pour fêter l’anniversaire de Binny et le départ de Sarah (qui nous quitte dimanche).
  • Samedi : circuit en ville de 8h30 à 16h30 organisé par l’asso pour les  »nouveaux » (comme nous sommes arrivés pendant les vacances, nous en faisons encore partie)
  • Dimanche : anniversaire

PPS : Euh… On dort quand les gars… ?!

3 réflexions au sujet de « L’École : premier contact avec les enfants »

  1. J’adore, j’adore, j’adore, que dire de plus ?

    Pauvre pays qu’est le nôtre !
    35 élèves par classe est scandaleux ici et là-bas 40 ou 50 est tout à fait normal et bien sûr dès le primaire,
    chez eux aussi, l’apprentissage de la 2de langue vivante, on a beaucoup de retard à rattraper – peine perdue, je pense ! –

    Bonne continuation et bonne bringue également.
    Gros bisouxxxxxxx

  2. 4000

    Hé ho, Hop po pop, nous on est là en fait juste pour aider, on n’a pas demandé de remplacer à temp complet là profs de français et de donner des cours de soutien le week-end 2 jours sur 2. En fait redresser l’éducation nationale du Vietnam, nous intéresse mais nous avons pour cela besoin d’oxygène, merci

    Ps: le temple de la littérature, ne sait pas fait en un jour, si vous voyez se que je veux dire.

    Merci nya mon, nya on monsieur le directeur

    Je repasserai pour un commentaire plus sérieux

    A plus

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